Projet école NABISSO

Réveil en « douceur » pour Anne-So…je l’avais prévenue que nous habitions à côté d’une église de réveil…pour ceux qui ne connaissent pas ce genre d’ « institution », comme son nom l’indique, c’est une église qui ne donne aucun répit le dimanche matin… chants religieux, agrémenté de batterie parfois, alleluia à foison, discours braillé dans un micro, …bref, pour la grasse-mât du dimanche , faudra repasser !!!Anne-So regrette d’avoir oublié ses boules quies !!!!

Ce matin, décidé d’aller faire du repérage à Pompage…histoire de voir dans quel coin elle va bosser…Nous donnons RV à Lazare, il va nous conduire à l’école…effectivement, c’était préférable, aucun panneau d’indication, nous devons emprunter un sentier en terre, pour y parvenir…c’est en plein village…

Le bâtiment faisant office d’école est une ancienne maison, que Lazare a louée et réaménagée. Les classes sont minuscules et rudimentaires. Un tableau , des bancs en bois que Lazare a fait fabriquer sur place. Les 600 élèves se divisent en 2 pour avoir une rotation le matin, et une l’aprem.. Quel contraste avec la Belgique…ici, les classes atteignent 50 élèves. Il y a 2 toilettes pour tout le monde. Pas de cantine évidemment, les enfants ne mangent pas de la journée, une cour minuscule…Ici, « faire avec les moyens du bord » est une devise qui prend toute son ampleur…

Lazare fait partie de ces gens illuminés, utopistes, et profondément généreux…il s’est mis en tête de rendre l’enseignement accessible aux enfant du quartier…et on voit que son projet le tient à cœur, vu l’énergie et les moyens qu’il y met… En RDC, l’école est normalement obligatoire….dans la réalité, beaucoup n’y vont pas faute de moyen…Lazare s’est efforcé de réduire le coût du minerval au maximum. Ainsi, les élèves doivent s’acquitter de la somme modique de 250 FC, soit 0,50 USD par semaine pour pouvoir assister aux cours. Malgré ce prix, beaucoup d’enfants décrochent en cours d’année, leurs parents ont apparemment d’autres priorités que de les envoyer à l’école.

Je suis réellement admirative devant son enthousiasme débordant…Il est allé jusqu’à avancer les fonds pour l’achat d’une camionnette en Belgique. Il va la rapatrier à Kinshasa et la louera au profit de l’école. Il a également récolté des fonds pour l’achat d’un terrain…il a le projet de faire construire une école secondaire technique… Ce qui est affligeant, c’est de voir l’implication de Lazare dans ce projet contraster avec le manque d’implication du directeur de l’école…Pourtant, celui-ci vit dans le village et a vu le projet se développer…de 13 élèves inscrits il y a 2 ans, l’école en accueille aujourd’hui 600 !!! Apparemment, il a du mal à assimiler la vision de Lazare…il est seulement intéressé par l’argent.... Pire, il pique dans la caisse de l’école et revend en douce le matériel scolaire, …

La misère induit des comportements qu’on peut avoir du mal à juger, vu le niveau de confort dans lequel on vit…néanmoins, c’est tout de même triste de voir d’une part un mundele s’impliquant de manière totalement désintéressée pour un village avec lequel il n’a aucun lien…et de l’autre, un local qui exploite et détourne les ressources qui sont mises à la disposition de l’école et par conséquent, de sa propre communauté.

Les villageois sont charmants…un peu étonnés de voir autant de blancs d’un coup…les enfants chantonnent un chant un lingala à notre passage…je demande la traduction… « Oh, voilà le blanc…il est blanc comme un haricot »

Anne-So sera amenée à faire partager son expérience d’enseignante en Belgique aux instituteurs ici…Lazare s’est entouré de Jacob, ancien professeur dans une école réputée de Kin et habitant aujourd’hui à Bruxelles. Le cousin de celui-ci, Francis, est prof d’unif à Kin en « Aménagement du territoire ». Il donnera son avis sur les mesures à prendre et servira d’intermédiaire avec la population locale.

C’est un projet ambitieux…on verra la suite...

Anne-So se connecte à la Belgique...Si on fait abstraction des coupures d'élec, faut avouer que Skype,c'est quand même bien pratique...